La comptabilité par activités fait des émois auprès de la communauté universitaire et scientifique depuis sa création, vers la fin des années 80. Cette méthode de gestion basée sur la décomposition des métiers en processus, activités et opérations a révolutionné l’approche classique de répartition des coûts, qui se voulait souvent arbitraire. Selon les défenseurs de la méthode ABC, cette méthode n’est pas juste un outil de calcul de coût de revient, c’est également un outil de gestion qui vous permettra d’avoir une vue d’ensemble de l’organisation et qui vous donnera les informations nécessaires pour aligner au mieux vos opérations avec votre stratégie.
Mais ne vous y trompez pas, cette approche à priori parfaite sur le papier a ses revers.
Tout d’abord, notez que malgré l’effervescence de la communauté scientifique autour de cette méthode, celle-ci n’est en pratique que très rarement implantée dans les entreprises (taux d'implantation inférieur à 20% en moyenne). Il est alors légitime de se demander pourquoi. Les raisons principales sont assez simples. Tout d’abord, cette méthode est floue dans ses principes : la méthode dit que pour implanter la CPA, il faut d’abord définir les activités et les inducteurs de coûts. Cependant, qu’est ce que représente concrètement une activité, et qu’est ce qu’un inducteur de coût ? La réponse est assez vague. Ensuite, la mise en œuvre de la CPA est un processus long et coûteux. Son implémentation nécessite un lourd investissement en temps et en énergie, et cela à tous les niveaux de l’organisation. Car oui, le succès de la CPA repose sur la collaboration de l’ensemble des employés et sur un soutien important de la direction. Enfin, la CPA est un outil « figé » à l’instant T ou il a été implanté ; « figé » dans le sens où si vos activités ou vos processus évoluent, tout est à refaire. Vous devez repartir à 0 et redéfinir les concepts de base qui soutiennent le fonctionnement de votre CPA.
Ces obstacles ne sont pas insurmontables, il est vrai, mais si aussi peu d’entreprises se risquent à les affronter, ce n’est surement pas pour rien. De plus, si on y regarde de plus près, le peu d’entreprises qui implémentent cette méthode dans leur organisation sont des grandes entreprises, car ces dernières sont celles qui disposent le plus de ressources leur permettant de surmonter potentiellement ces obstacles. Alors, si même les plus grandes entreprises sont réticentes à employer cette méthode, pourquoi une PME devrait-elle s’y risquer ? Même si certains auteurs défendent la possibilité pour les PME, ne la prenez pas pour acquis. La CPA est un bel outil, certes, mais sur le papier. Alors, si vous souhaitez implanter des outils de gestion performants, tournez-vous plutôt vers des dérivés de la méthode, plus accessibles et moins complexes (tels que le time-driven).
Si malgré tout vous souhaitez absolument implanter la CPA dans votre PME, nous vous souhaitons « bonne chance ».
Pour de plus amples informations sur la CPA et les PME, nous vous recommandons l'ouvrage de L. Ravignon et al (2003). La méthode abc-abm : rentabilité mode d'emploi. Paris : Éditions d'Organisation, 2003
Pour de plus amples informations sur la CPA et les PME, nous vous recommandons l'ouvrage de L. Ravignon et al (2003). La méthode abc-abm : rentabilité mode d'emploi. Paris : Éditions d'Organisation, 2003
J'anticipe peut être les articles à venir, mais à quels outils faites vous allusion lorsque vous mentionnez "l'implantation d'outils de gestion performants"?
RépondreSupprimerQuels sont selon vous les outils optimaux pour gérer une PME ?
Que pensez vous de la pertinence de la mise en place des méthodes UVA ou des coûts complets pour les PME? Ces outils sont-ils adaptés?
Ce qu'on entend par outils de gestion performants ce sont des outils qui permettront de fournir une information pertinente tout en étant accessible à une PME. La CPA est un des outils les plus complets qui fournit aux gestionnaires une information très riche, mais l'implanter dans une PME relève presque de la mission impossible. A l'inverse la méthode des coûts complets est une approche assez basique et abordable pour une PME mais qui présente de nombreuses limites quant à la qualité et la pertinence de l'information tirée de l'outil. En ce sens, des "outils de gestion performants" sont des outils "hybrides", des dérivés de la CPA comme le time-driven ou la méthode UVA, qui offrent au gestionnaire une information plus complète que la méthode des coûts complets et moins complexe à implanter que la comptabilité par activités.
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